Une science de l’esprit lemmatique Le potentiel du Sutra Kegon (Sutra de l’Ornementation fleurie)

Publié en automne 2017
par Nakazawa Shin’ichi

L’auteur plaide, à propos de la relation entre le bouddhisme et la psychologie européenne — ou science de l’esprit —, pour une nouvelle perspective basée sur le Sutra Kegon, un texte qui a émergé dans les débuts du bouddhisme Mahayana (IIIe-Ve siècles après J.-C.). La base de la science européenne est l’intellection du logos, formalisée par Aristote selon trois lois : la loi de l’identité, la loi de la contradiction et la loi du tiers exclu.
Dans la tradition bouddhiste, en revanche, la logique est fondée sur le lemme, ce qui signifie : saisir dans sa totalité, non pas avec le langage mais avec l’intuition. La science basée sur le lemme, née dans la tradition bouddhiste, montre que la perception rationnelle est possible même en dehors des trois lois du logos. Le Sutra Kegon, qui expose ce que le Bouddha prêchait une semaine seulement après avoir atteint l’illumination, est unifié sous la logique du lemme et peut être considéré comme une tentative de créer une « science lemmatique de l’esprit ».
L’enseignement fondamental du Sutra Kegon est exploré et ses principes sont comparés au processus primaire de la pensée et à l’inconscient tel que décrit par Freud et Jung. Les textes orientaux que Jung recherchait l’ont amené à créer une science de l’esprit qui est allée plus loin que Freud ; à titre d’exemple, son concept de synchronicité peut être perçu nouvellement dans le cadre d’une science basée sur le lemme.

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Nakazawa Shin’ichi

Shinichi Nakazawa est né en 1950 à Yamanashi, au Japon. Il a étudié la biologie et l’anthropologie religieuse à l’Université de Tôkyô. Professeur à l’Université Meiji (Tokyo), il est parallèlement directeur de l’Institut pour la Science Sauvage de l’Université Meiji. Après avoir effectué un important travail de terrain sur l’archipel d’Okinawa, il se rend au Népal en 1979 et y rencontre un lama de l’école de Nyingmapa – un des courants du bouddhisme ésotérique tibétain. Sous sa direction, il se prépare à devenir ngakspa (tantriste) et se familiarise avec la pensée du Dzogchen (« Grande plénitude »). De retour au Japon, il publie son premier ouvrage, Une Sorte de Mozart tibétain (1983), qui demeurera sur la liste des best-sellers dans la catégorie « essais et documents » durant plus d’une année après sa parution ; la critique salua en Shinichi Nakazawa la naissance d’un penseur d’un genre nouveau. Shinichi Nakazawa occupe aujourd’hui une position unique sur la scène intellectuelle japonaise. Situé au croisement de l’anthropologie religieuse et de la philosophie, son travail peut être défini comme une exploration des ressources que proposent les pensées non modernes pour vivre le monde contemporain, traversé de part en part par des logiques modernes. Prix Kumagusu Minakata (2016).