Cet article se concentre sur l’année 1929, au cours de laquelle Jung publia un « commentaire européen » (An European Commentary) de la traduction en allemand, par Richard Wilhelm, du texte taoïste Le secret de la fleur d’or, et c’est à peu près à cette époque que Jung, semble- t-il, a décidé de ne pas publier son Liber Novus, le Livre Rouge. Il montre qu’au même moment Jung suit la trace de l’alchimie européenne en s’inspirant de la préface du livre de Konrad Waldkirch Artis auriferae (1593). Cela soulève la question de savoir s’il pouvait s’agir du chaînon manquant pour la recherche ultérieure de Jung sur l’alchimie et la philo- sophie hermétique. L’auteur soutient qu’en réalité c’est ici que commence la quête de Jung pour Aurora consurgens, dont la publication achève, plus de vingt ans plus tard, son Mysterium Coniunctionis. Il fait valoir que ce choix d’Aurora est en lien étroit avec certains aspects cruciaux du début du Livre Rouge et est une expression profonde de l’ambition de Jung de revitaliser le passé au sein de l’individu ; le questionnement sur la façon dont l’histoire collective – réprimée, négligée ou oubliée – pourrait faire partie de l’inconscient des individus, s’explique par la profonde préoccupation de Jung concernant le bien- être et l’avenir de la société moderne.
Aksel Haaning (Danemark) est Docteur en Philosophie (PhD), Professeur Assistant en Histoire et Études scientifiques à l’Université de Roskilde (Da- nemark). Il est conférencier à l’Institut Jung de Copenhague et conférencier invité à l’Institut Jung de Zurich (Küsnacht). Il a étudié le latin médiéval et l’histoire de la philosophie et des sciences.
Il a publié plusieurs livres en danois sur la philosophie du Moyen-Âge et de la renaissance. Il est engagé depuis plusieurs années dans des recherches jungiennes et travaille actuellement à un livre majeur sur l’Aurora consurgens et les études historiques de Jung sur l’alchimie et la philosophie hermétique.