Un récent débat anthropologique a mis en évidence les liens étroits de la filiation et de l’affiliation. Si elles se confondent l’une dans l’autre, la confusion s’ensuit inévitablement et des conflits émergent entre la nécessité d’une relation intime et celle de participer à un groupe social plus large. Il est alors nécessaire de différencier et démêler ce qui relève des parents, de la nation, de la culture ou des croyances. Dans certaines familles, la filiation inhibe la nécessité d’une affiliation authentique avec son patrimoine collectif.
En cas d’adoption, la filiation peut être ambivalente et entraver la construction d’un attachement sécurisé. Mais quand les liens familiaux sont suffisamment souples, tout en soutenant l’autonomie de l’enfant, les nécessités d’une appartenance intime et de la participation sociale peuvent se conjuguer. L’émergence de divers modes d’affiliation, sans perte du sens d’un soi cohérent, peut advenir. Deux cas cliniques sont discutés : dans un cas la nécessité de la filiation bloque l’affiliation authentique et dans l’autre, l’influence de l’affiliation des parents blesse la filiation authentique.
Dans l’analyse de formation, la filiation est importante dans les modes de transfert et de contre-transfert. Au cours de l’analyse, plus probablement vers la fin, il peut être utile de questionner la future relation affiliée entre l’analyste et l’analysant afin que la libido d’attachement ne reste pas exclusivement structurée sur une modalité de filiation.
Lorsque le candidat devient un collègue, les schémas inconscients de la filiation peuvent faire obstacle à une attitude ouverte, libre et différenciée d’appartenance à un groupe. En tenant, dans le transfert et le contre-transfert, la tension entre les modes de filiation et d’affiliation, l’énergie d’attachement peut passer d’une dyade à une relation triangulée, d’une alliance reposant principalement sur une filiation à une alliance qui soit plus d’affiliation, dans le but espéré de créer, enrichir et différencier les fondements d’une future relation collégiale.
John Hill, Master d’art, a été diplômé de philosophie à l’Université de Dublin et à l’Université Catholique d’Amérique. Il s’est formé à l’Institut C.G. Jung de Zurich et exerce comme analyste depuis 1973. Il est analyste didacticien à l’ISAP de Zurich et “liaison person” de l’AIPA pour la Géorgie. Il fait aussi du théâtre et, avec Paul Brutsche, Dariane Pictet et Murray Stein, il a joué dans les pièces qu’ils ont crées sur la correspondance Jung/White et sur le Livre Rouge.
Il a publié de nombreux articles (notamment dans Spring, Jungian Odyssey Series et Jung Journal) et des chapitres de livres, et a récemment publié un livre : At Home in the World, Sounds and Symmetries of Belonging, (New Orleans : Spring Journal Books, 2010).