Dans le champ de la psychologie des profondeurs, les accords et désaccords entre Freud et Jung sont devenus classiques, et les querelles entre ces deux chercheurs ont eu des rebondissements chez les postfreudiens et postjungiens. Néanmoins, on peut aussi repérer des mouvements qui visent la promotion de dialogues entre ces deux façons de penser le psychique. Parmi ces tentatives, il y a celles qui parient sur l’ancestralité. En effet, Freud et Jung ont travaillé, l’un comme l’autre, l’ancestralité par le biais, respectivement, des concepts d’inconscient phylogénétique et d’inconscient collectif. Leurs conceptions à ce propos sont toutefois assez différentes, et l’on peut se demander si cette approche est vraiment juste, ou justifiable. En l’occurrence, tandis que chez Freud le refoulement reste comme la condition et le garant du phylogénétique, chez Jung cette condition semble assez partielle ; et l’idée même d’archétype met en cause l’insistance freudienne sur l’Œdipe comme ultime explication du processus de transmission culturelle. Notre objectif est de travailler ces deux concepts afin de mieux cerner le rôle de l’ancestral dans la pensée de Freud et de Jung. Nous cherchons aussi à comprendre si l’ancestralité serait plutôt un point de proximité ou de distance entre ces deux auteurs, étant donné l’affirmation de Freud que l’inconscient collectif serait un concept dont on pourrait se dispenser.
Rodrigo Barros Gewehr est professeur à la faculté de Psychologie de l’Université Fédérale d’Alagoas, au Brésil. Il a récemment soutenu une thèse de doctorat à l’Université Denis Diderot – Paris VII, sur l’idée de Dieu dans les théories de Freud et de Jung (2012) ; il avait auparavant soutenu un mé- moire de maîtrise en psychologie à l’Université Catholique de Porto Alegre, portant sur une analyse épistémologique de la psychologie sociale contem- poraine (2003). Il habite actuellement à Maceió (Brésil).