C’est à la hiérarchie de Platon entre l’âme et le corps que l’on peut faire remonter la perte d’un sentiment de lien vivant avec le monde matériel, mais elle est principalement associée à la révolution scientifique du XVIIe siècle en Europe. La tentative de solution de Jung à cet esse in anima est ingénieuse, mais elle maintient la scission cartésienne selon laquelle le vivant du monde est réduit à une projection des forces psychiques (les archétypes).
Une approche alternative est proposée, enracinée dans l’accent qu’Aristote mettait sur l’activité pragmatique voyant dans l’âme une fonction de notre manière d’être dans le monde. La cognition humaine est ouverte au monde et distribuée par notre engagement social et matériel dans le monde, en particulier via les représentations symboliques collectives dans lesquelles les symboles constituent la réalité du monde dans lequel nous vivons. Malgré la prédominance des représentations « scientifiques cartésiennes » dans le monde occidental moderne, il subsiste de nombreux exemples de participation mystique qui ne peuvent pas être saisis selon la notion cartésienne de projection. Ceux-ci offrent une ouverture à des manières d’être au le monde qui peuvent nous conduire hors de la matrice cartésienne.
Warren Colman est enseignant et analyste superviseur à la Société de psychologie analytique (SAP) à Londres, et consultant rédacteur en chef du Journal de psychologie analytique (JAP). Il enseigne, donne des conférences et supervise au niveau international ; il a publié de nombreux articles sur divers sujets, y compris les interactions dans le couple, la sexualité, le Soi, l’imagination symbolique, la synchronicité et le processus thérapeutique.
Son dernier ouvrage Acte et Image - L’émergence de l’imagination symbolique a été publié par Spring Books en juillet 2016.