La question se pose de réfléchir à ce qui anime la haine entre l’Occident chrétien, qui a quelques difficultés à prendre en considération sa propre violence, et l’Orient arabo-musulman. Pouvons-nous en approcher les ressorts inconscients ? Pour traverser la difficulté de la confrontation, cette étude croise plusieurs auteurs très divers. L’historien Philippe Buc observe que la violence chrétienne est liée à une série de très vieux couples paradoxaux et à leurs tensions (lettre et esprit, élection et universalisme, etc.), par exemple, comment peut-on vouloir imposer la liberté par la contrainte ? De son côté, le romancier Henry de Montherlant a su traiter avec beaucoup de finesse du colonisé-étranger, non-autre, seulement bon à être esclave (l’esclave sexuelle servant de métaphore) ; nous pouvons considérer ses personnages comme autant de complexes personnifiés. Ces deux opposés littéraires d’une pensée philosophique, l’un sur le mode de la recherche scientifique, l’autre sur celui du roman, sont complétés par d’autres (de Césaire à Glissant ou Mannoni et Castoriadis), et l’auteure très actuelle qu’est Thérèse Delpech, bonne connaisseuse de Jung. Les concepts jungiens nous aident-ils dans cette mise en perspectives ?
Mariette Mignet est Psychanalyste membre de la SFPA-Institut C.G. Jung de Paris et de l’AIPA. Elle est titulaire d’un doctorat de Recherches en Psychanalyse – psychoses et états limites, après une thèse soutenue à l’Université Paris 7-Denis Diderot sur Le féminin inconscient dans la théorie de Carl Gustav Jung. Elle a publié une douzaine d’articles dans les Cahiers Jungiens de Psychanalyse, et aux PUF, le chapitre Carl Gustav Jung : sublimation ou transformation, dans le Traité de la sublimation, sous la direction de Sophie de Mijolla-Mellor.